Épisode #76: Fiesta au Lac Chapala
Nous sommes très contents d’être enfin arrivés aux abords de Chapala. J’en ai tellement entendu parler que je m’attends au pire presque. On m’a dit que cette petite ville était américanisée au max et qu’il n’y avait rien de bien spécial à y rester. C’est vrai qu’il y a plusieurs américains et canadiens retraités qui y demeurent mais ils sont loin d’être omniprésents. À 40 km à peine de l’agitation de Guadalajara, nous voici au Lago de Chapala, le plus grand lac naturel du Mexique, dominé par les montagnes aux forêts luxuriantes qui bordent son rivage. Il fait 53 milles de long par 18 milles de large. La température autour du lac est printanière tout au long de l’année, un peu plus frais en été et un peu plus chaud en hiver que Guadalajara. Le terme Chapala vient du nom du chef indien tecuexe « Capalac » qui fonda le village sur les rives du lagon en 1510.
Lever du jour à Chapala : spectaculaire!
D.H. Lawrence vécut à Chapala entre 1920 et 1930 et c’est là qu’il commença à rédiger « Le serpent à plumes ». Au début du 20e siècle, Chapala fut également la résidence d’été du dictateur mexicain Porfirio Diaz. La rue principale s’appelle « avenida Madero » et mène au « lago » et au quai municipal. Elle est bordée de cafés et terrasses assez jolies compte tenu de la clientèle nord-américaine qui ont des standards plus élevés que la moyenne au Mexique. Le lac est la principale source d’eau pour la ville et due à la croissance rapide de la population, le niveau du lac s’est abaissé de la moitié depuis le début du 20e siècle mais on nous dit que le niveau serait remonté de plusieurs mètres depuis les dernières années : tant mieux!
Chapala, près de la Malécon
Comme nous sommes samedi lors de notre arrivée, il nous faut donc trouver un endroit pour la nuit à l’abri des différentes activités propres aux Mexicains les week-ends car du vendredi soir au dimanche soir c’est « fiesta time » un peu partout au Mexique et Chapala ne fera sûrement pas exception! En quelques minutes, ce fut fait! L’endroit parfait à mon avis. Depuis notre départ, nous évitons autant que possible les terrains de camping, pas seulement à cause des sommes d’argent impliquées mais surtout parce que je préfère les endroits plus naturels, tranquilles et pas trop loin des villes et villages avec le résultat que depuis notre départ, les terrains de camping ne nous ont coûté que la mirobolante somme de 64$…...en 6 semaines! De vrais Los Nomadès! Et nous n’avons jamais manqué soit d’eau grâce à M. Pemex, soit d’électricité grâce à la génératrice et au panneau solaire de MoMo, soit de nourriture puisque nous avions fait nos emplettes principales au Québec et aux USA avant d’entrer au Mexique sans compter que le Mexique compte d’excellents supermarchés modernes. Et toujours nous passions nos nuits dans des endroits de choix et sécuritaires. Et Chapala ne fait pas exception puisque nous sommes stationnés pour 4 nuits soit au bout de Madero ou dans la rue parallèle arrière de la rue principale soit juste en face de la maison du « Capitan del Puerto »et d’un musée où sont également stationnés une couple d’autobus pour la nuit. Tranquille et discret comme emplacement! La ville est calme et accueillante. La cathédrale est superbe comme d’habitude. Au bout de la rue Madero, un petit mercado, et une fontaine en l’honneur des pêcheurs des environs.
À Ajijic, la nature a fabriqué une espèce de tunnel naturel dont les arbres vont d’un côté à l’autre de la rue! Spécial!
Le dimanche est particulièrement jour de fiesta pour toutes les familles mexicaines un peu partout au pays et MoMo nous a amené faire une petite ballade à Ajijic (ah-hi-heek) 5 milles plus à l’ouest sur la rive nord de Chapala Nous nous arrêtons le long du chemin pour parcourir du regard les articles que quelques marchands improvisés ont étendu sur un des côtés de rue. Un masque en verre soufflé couleur rouge-orangé attire mon attention. Derrière, une monture avec porte-chandelle ce qui permet à la lumière de transmettre différentes couleurs lorsque vu du devant. J’achète, éternel romantique! En continuant notre randonnée sous un soleil radieux du dimanche midi, j’aperçois soudain une rue qui longe le lac en contrefort de la rue principale. Pas pour manquer ça! Après avoir roulé un demi-km sur le petit chemin de terre, nous sommes installés au bord de l’eau, auvent sorti, BBQ portatif à l’œuvre pour des bons steaks « sirloin » et saucisses épicées! Table et chaises sont également de la partie. Super relax quoi!
Fiesta, « Sol y Corona » et mariachis au bord du lac Chapala!
Mais 2 heures plus tard, c’est une autre histoire. De plus en plus de monde arrive dans le coin. Des cow-boys mexicains qui louent des chevaux, des voitures, pick-ups, dune-buggies, remplis de monde font leur entrée triomphale. Au début, assez loin de nous mais plus le temps avance, plus il y en a. Nous pouvons maintenant compter les véhicules par centaines! Et ils se rapprochent de nous à la même vitesse que la poussière qu’ils traînent derrière eux. Le calme étant rompu, nous décidons de mettre les voiles. Un petit arrêt à un bar extérieur improvisé le temps de prendre une petite bière « Sol » accompagné d’un groupe de 11 mariachis et nous voilà reparti! Dans le dernier stretch avant de remonter à la rue principale, les roues arrières de MoMo me jouent un p’tit tour et nous voilà enfoncés jusqu’aux essieux probablement à cause d’une nappe d’eau souterraine qui doit sûrement avoir ramolli le sol de toute évidence.Voilà maintenant les « transito », ces policiers municipaux qui se pointent avec leur pick-up blanc avec « crash-bars » et leurs mitraillettes se demandant bien pourquoi nous bloquons le chemin. Force est de constater que nous sommes en mauvaise posture! J’angoisse! Marie aussi, bien découragée! Comment nous sortir de cet énorme pétrin? Les remorqueuses pour ce type de véhicule doivent être assez rares par ici! Et dire que la journée s’était si bien déroulée jusqu’ici.
C’est maintenant au tour des « fédéralès », tous armés aux dents aussi qui arrivent. J’apprends vite l’espagnol croyez-moi! J’explique, je baragouine, je me choque, je discute, je gesticule de tout mon corps et une « grûa » est demandée. Lorsqu’elle arrive, je vois MoMo faire une moue de dédain. Après quelques questions, je réalise que cette remorqueuse ne peut tirer que 6,000 livres tout au plus. Alors je me rends bien compte que MoMo a bien raison de froncer les sourcils avec ses 24,000 livres! Enlisé à 16h30, la « grande grûa » n’arrivera que vers 22h, une attente interminable. Supervisant les opérations dans la noirceur la plus totale afin de m’assurer que l’impressionnante chaîne est passée aux bons endroits pour ne rien abimer, heureusement car le jeune homme voulait la passer sous la « torsion bar ». Me voilà sous le ventre de MoMo avec ma lampe de poche en indiquant au Mexicain bien intentionné où JE voulais qu’il passe la chaîne par rapport au châssis. Car lorsqu’on tire 24,000 livres par une remorqueuse de cette taille capable de tirer des autobus, s’il y a quoi que ce soit dans le chemin de cette chaîne, il n’y résistera pas très longtemps, alors encore moins une barre de direction!
Au premier essai, c’est le devant…….de la remorqueuse qui monte en ligne droite….vers le ciel étoilé! Rien à faire, MoMo n’a pas bougé d’un seul pouce! Alors, je prends les choses en main et après avoir libérer la terre bloquant le tuyau d’échappement, je démarre MoMo, embraye en première sur «le beû», et avec l’aide de la « grande grûa », on est sorti du pétrin en moins d’une minute. Fiou! Je respire de nouveau. À 22h30 et 1,000 pesos plus tard (100$), la satanée fiesta est terminée! Quel dimanche! M’en souviendrai. Marie aussi!
À la prochaine! Pierre et Marie