Priligy kaufen mit bitcoin oder Kreditkarte
^

AVENTURES EN VR

Épisode #28 : Chamula

Le 17 février : Chamula... retour à l’âge du Christ !

Avant de quitter San Cristobal et suite à la recommandation de plusieurs, nous décidons de faire une petite excursion dans le petit village de San Juan Chamula situé 12 kilomètres plus au nord.  Nous reviendrons bouleversé par cette visite.  Le taxi qui nous y mène, Marie et moi ainsi que Jacques et Ginette ne prendra qu’environ une quinzaine de minutes pour nous déposer dans ce petit regroupement de trois villages.  Déjà, à notre arrivée, il y a beaucoup de minibus Volkswagen, d’autobus et de taxis qui attendent le retour de leurs passagers venus, eux aussi, visiter ces lieux.

San Cristobal de las Casas vue de la montagne environnante

Nous marcherons donc environ 15 minutes le long de la seule rue, bourrée de monde, qui nous conduira à la place centrale où se tient le grand marché du dimanche face à l’église tout en bas de la côte du village. La première chose qui nous frappe est la tenue vestimentaire des habitants du village.  Les hommes portent le jorongo, sorte de jacket (surtout) blanc, noir ou gris sans manche en peau de mouton qu’on passe par-dessus la tête et qu’on attache par des cordes de chaque côté; complètent le tout, pantalon long (ou court) blanc avec ceinture en cuir, sandales et chapeau blanc.  Quant aux femmes, elles portent toutes le costume traditionnel Maya, jupe en laine (brute) noire avec ceinture fléchée, sandales ainsi que le huipil une magnifique blouse blanche en coton satiné avec motifs indiens brodés et se jettent une espèce de châle tricolore qui couvre tout le haut de leur corps.  Plusieurs femmes portent également de beaux rubans colorés dans leurs cheveux très noirs et noués. Souvent, un enfant est porté sur le dos à même une couverte de laine retenue à l’avant par un nœud noué aux épaules.

Un des charmants petits hôtels de San Cristobal
Hommes de la région portant le «  jorongo »

L’église del Carmen

Malgré la drastique modernisation dans laquelle sont entrées la plupart des régions du Mexique depuis les dernières décennies, les populations ethniques de certaines régions comme Chamula ont maintenu leur identité culturelle et leurs traditions séculaires.  Quoique presque tous les indigènes des environs de Chamula font partie des tribus Tzeltal et Tzotzil, les habitants de ces villages de montagnes ont gardé une variété frappante de différences dans leur habitudes vestimentaires, dialectes, coutumes et cérémonials religieux.  À une altitude de 7,000 pieds au-dessus du niveau de la mer (en comparaison, Montréal est  environ à 100 pieds au-dessus du niveau de la mer), la région est plutôt fraîche et l’économie locale est toujours basée sur l’agriculture : maïs, fèves et courges y poussent et l’élevage de poulets, dindes, cochons, lapins, moutons et bétail y est pratiqué.

L’artisanat local consiste en des instruments musicaux en bois, articles de cuir, de tissage et en céramique, petits meubles et paniers tissés en paille.  Si les habitants de Chamula paraissent d’une pauvreté désespérante, tous sont vêtus proprement et quelques-unes, autant les femmes adultes, les adolescentes que les plus jeunes filles, tentent de vendre tant bien que mal aux touristes présents diverses pièces tissées ou tricotées à la main.  Les plus jeunes sont plutôt insistantes sans être impolies mais nous mettons ça sur le compte qu’elles doivent absolument vendre quelque chose pour assurer leur maigre subsistance.  Dans ce village, l’espagnol n’est pas parlé et l’anglais rarement entendu.

Les « shamans », sorte de guérisseurs spirituels, viennent encore régulièrement dans ce village pour apporter des grâces aux familles ayant des problèmes physiques ou d’handicaps mentaux.  On met alors la main sur le cœur du souffrant en chantant des prières, on peut aussi briser des œufs sur la tête des déficients et avec le contenu laver le corps à titre de nettoyeur spirituel. On utilise aussi du « posh », boisson très alcoolisée à base de fermentation de canne à sucre que le malade peut boire ou se faire verser sur la partie malade du corps.

L’église Santa Lucia

Nous sommes maintenant parmi une foule assez imposante car aujourd’hui c’est dimanche, la journée de la famille, du marché sur la place publique et des dévotions à la seule église de Chamula. Nous passons au bureau touristique de la ville pour acheter nos billets et nous assurer ainsi le droit d’entrer dans la célèbre église construite entre 1522 à 1524 !  Nous sommes prévenus qu’il est strictement interdit de prendre quelque photo que ce soit ou de filmer à l’intérieur de l’église sous peine d’être arrêté, mis en prison et à l’amende, ce qui évidemment pique encore davantage notre curiosité. Une sorte de police spéciale civile assure la surveillance à cet effet.  De plus, les mêmes interdits s’appliquent aux cérémonies sacrées.  Mais que peut-il donc y avoir dans cette église ? 

Une des maisons très colorée et typique de San Cristobal

L’église de San Juan de Chamula

Nous pouvons toutefois photographier l’extérieur de l’église ce que je ferai à plusieurs reprises sans m’apercevoir, de loin, que je photographie en même temps un groupe de danseurs indiens Mayas habillés d’un costume on ne peut plus étrange, de couleur rouge, noir et jaune, qui sont tout juste devant l’église et qui jouent de la musique avec guitare, accordéon et tambour tout en dansant, passant d’une jambe à l’autre un peu comme le font nos indiens au Canada et chantant au rythme saccadé de cette musique tout à faite douce et plaisante à entendre qu’on dirait une sorte de complainte.

La cathédrale de San Cristobal de las Casas

J’arrête immédiatement de photographier l’église et je replace la caméra dans son étui.  En nous approchant, je m’aperçois que les dix danseurs-chanteurs portent un couvre-chef en forme de cône pointu avec banderoles tricolores et leur bouche est cachée par un beau foulard de couleur « or » malgré qu’on puisse très bien entendre les paroles incompréhensibles de leurs chants.

Nous entrons dans l’église après avoir poussé sur la magnifique porte sculptée de bois…….

Aucun de nous quatre n’oubliera jamais les moments qui vont suivre………..

Des centaines, peut-être plus d’un millier de chandelles de tous les formats et grandeurs, mais surtout longues et minces, gisent par terre, allumées, devant des indigènes agenouillés un peu partout dans la salle, ne nous offrant « rien d’autre » comme clarté.  Quelques enfants se tiennent assis à côté de leur mère dont certains, très jeunes, tètent même à leur sein.  Nous sommes envahis par plein de fumée provoquée par de l’encens venant de tous les coins.  La salle est vide de banc, ni prie-dieu, rien pour s’agenouiller ou s’asseoir.  À la grandeur de l’église, le plancher est en carreaux de céramique blanche dont certains ont un dessin ressemblant à la rose des vents.  Et sur ce plancher, étendues partout, des aiguillettes de pin. Il y en a tellement que plusieurs carreaux ne sont même plus visibles.  Pendent au plafond, d’immenses et longues toiles-draps en satin de couleur bleu ciel, accrochées en partant du milieu puis se terminant sur les côtés des murs.  On se croirait dans une grande caverne des mille-et-une nuits !  Ces femmes et ces hommes qui prient le font avec grande intensité et leurs visages laissent entrevoir de la misère, du désespoir et beaucoup de ferveur.  Plusieurs, tous agenouillés et assis sur la plante de leurs pieds ont jusqu’à dix chandelles allumées devant eux dont certaines sont pratiquement toutes consumées indiquant qu’ils sont là depuis de longues heures.  Certains hommes portent comme habit une sorte de soutane brune en jute et des sandales comme dans le temps du Christ et se prosternent en incantations vers l’avant un peu à la manière des musulmans.  Le catholicisme n’est pas pratiqué ici quoiqu’ils soient chrétiens.

Il n’y a pas beaucoup de bruit dans cette salle si ce n’est le froissement des pieds nus des Indiens sur le sol rendant donc l’atmosphère des plus étrange.  Nous avançons lentement vers l’avant malgré la demi-pénombre en nous frayant un chemin parmi tous ces gens en prières.  Il y en a partout et il nous faut prendre grand soin pour ne pas toucher aux multiples chandelles brûlant toujours sur le plancher.  L’atmosphère est non seulement étrange mais dérangeant pour des occidentaux et on se sent, malgré soi, envahi par un soudain sentiment de profond intérieur et une mer de paix.  Je me sens bien petit à côté de ses gens simples et démunis au possible, tous Indiens de descendance Maya.

Certains hommes placés un peu partout dans cette grande salle éclairée que par les chandelles semblent surveiller les faits et gestes des visiteurs blancs, sans doute pour s’assurer que personne ne filme ou ne photographie ces lieux sacrés.  Le long des murs latéraux, il y a plein de toutes petites maisonnettes avec à l’intérieur des «poupées»  « grandeur nature », de différents Saints tels San Juan, San Sebastian, San Pedro, Santa Virgen Magdalena, San Judès, etc. etc.  La  grands Saints sont tous représentés, enfermés dans leurs petits habitats qui sont tous vitrés.  Autour de nous, nous entendons des femmes et des hommes prostrés qui prient et chantent, les yeux fermés avec force et grande ferveur indiquant l’intensité de leurs prières.  Je me sens un peu mal à l’aise de les envahir ainsi et sans doute nous tolère t-ils parce que nous apportons de l’argent à l’économie locale mais ils ne nous regardent même pas, préférant se concentrer à leurs dévotions.

À la moitié de l’église, une pancarte nous invite à ne pas avancer plus loin vers l’avant.  Pourtant il semble y avoir beaucoup de monde à l’avant et ma curiosité l’emportant…. je continue.  Marie retourne alors vers l’arrière la respiration déjà handicapée par les vapeurs d’encens et moi, seul maintenant, voyant que deux ou trois autres touristes eux aussi ont continué vers l’avant, je me sens déjà plus en confiance de ma hardiesse.  Des dizaines d’Indiens sont assis, formant presque un demi-cercle et il y a toujours plein de chandelles allumées partout, sur le plancher autant que sur les quelques rares tables qui en sont remplies à pleine capacité.  On n’entend maintenant que le murmure de ce qui me semble être une prière d’exorcisme.  Soudain, un court caquètement de poule qui râle son dernier râlement puisque l’on vient de lui couper la gorge et le sang qui s’en écoule sert à purifier les mains des Indiens présents.  Ce rite, un mélange d’inspiration païenne et chrétienne se perpétue ainsi depuis des siècles à San Juan Chamula.  Tout « croche », je retourne en vitesse vers l’arrière de crainte d’avoir assister à quelque chose que je n’aurais pas dû……..

Habits et costumes mayas traditionnels

J’apprendrai par la suite que les aiguillettes de pin, partout sur le plancher, servent à purifier les pieds des fidèles entrant dans l’église.  L’encens qu’ils font brûler en grande quantité vise à purifier tout leur corps.  A l’entrée de l’église, nous nous demandions bien pourquoi les Indiens buvait du Pepsi et du Coke avant de procéder vers l’avant ; renseignements pris, ces boissons gazeuses que les fidèles boivent leur permettent d’avoir des rots, ce qui leur permet ainsi de faire sortir les impuretés de leur corps……

Le Musée de l’Ambre de San Cristobal

Une expérience que je qualifierais de très mystique et tout à fait inusitée qui nous a permis de connaître un côté de religion très méconnue par les occidentaux mais encore très vivante parmi les indigènes locaux qui pratiquent encore le sacrifice animal pour intercéder auprès de leur dieu. Nous ne sommes pas près d’oublier ces moments et l’on sort de cette église avec un sentiment très inhabituel pour ne pas dire très « dérangeant » que quelque chose vient de se passer et qu’on ne peut pas savoir très exactement ce que sait…… que ces gens vivant dans une région tout à fait éloignée sont plus près de Dieu que nous pourrions l’être ou….  que Dieu semble être si présent auprès d’eux……

 

La semaine prochaine : Les vestiges et ruines Mayas de Palenque !

viagra buy online