Épisode #26 : En route vers le Chiapas !
Le 13 février : En route vers le Chiapas !
Comment lui faire comprendre la nature des pièces nécessaires pour réparer MoMo ? Par où vais-je commencer ? C’est que je ne connais pas les termes et le nom des pièces mécaniques en espagnol et encore moins pour celles d’un système de « calipers » ! Je baragouine « frènos » et « parté » et « cassa » tout en lui dessinant sur un bout de papier la forme en L du « retainer » ainsi que la « clip ». Elle me regarde quelques secondes et disparaît à l’arrière pour revenir avec…… les six modèles de « retainer » de disponible sur le marché ! Elle les a toutes ! Ça alors ! Dans ce village de moins de 1,000 habitants, je crois rêver ! Complètement abasourdi, je vérifie pour m’assurer que c’est bien le même genre de pièce et voilà que le mécanicien d’à côté qui vient d’entrer dans le « refaccionaria » en choisi un parmi les six ainsi qu’une des clips sur le comptoir et repart de plus belle sous mon motorisé et replace le tout en moins de…..cinq minutes ! Et moi qui faisait déjà des plans pour me faire fabriquer un retainer chez un forgeron du coin ! Absolument ahurissants ces Mexicains ! Coût de l’opération ? 20 pesos! (2$) pour le mécano et 86 pesos pour deux sets de « retainer » et « clips » car je décide d’en garder un autre en réserve...au cas-où ! Et quand je vous disais que s’il y a un endroit au monde pour tomber en panne, priez pour que ce soit au Mexique….. encore une fois vrai !
Encore ébranlé par mon coup de chance, nous repartons vers Mitlà pour continuer 30 kilomètres plus loin, à travers la Sierra Madre Sur et plusieurs petits villages à plus de 7,000 pieds d’altitude pour enfin arriver à Hierve del Agua, un endroit assez unique. La Terre a de ses phénomènes…. Probablement à cause du système géologique particulier à cet endroit, voici des cascades d’eau sulfureuse et de calcaire et, à force de couler, les cascades semblent s’être pétrifiées sur place ce qui forment un paysage plutôt particulier.
Hierve del Agua, un endroit assez unique
Hierve del Agua vue de très près
Quelques personnes se baignent dans une piscine naturelle remplie d’eau de calcaire dont on dit qu’elle a de très bonnes propriétés tonifiantes pour le corps. Après quelques photos, nous repartons en direction de Téhuantépec où nous passerons la nuit au très calme camping Santa Téresa. Le lendemain, après avoir fait nos adieux à nos amis cyclistes hollandais, Marco et Chantal, qui continuent leur chemin vers le Guatemala, nous repartons tôt pour Tuxtlà Gutierrez, la capitale du Chiapas.
Adieu à Marco et Chantal, nos amis hollandais, cyclistes devant Dieu!
Mais nous traverserons auparavant La Ventosa, une zone d’environ 50 kilomètres où il y a de très forts vents latéraux. MoMo, avec ses plus de 12 pieds de hauteur offre donc un véritable mur aux rafales et un vrai défi pour celui qui doit conduire avec des bourrasques subites et très violentes qui atteignent près de 90 km à l’heure à l’occasion ! Je dois donc tenir mon volant de toutes mes forces et m’assurer de rouler avec une marge de sécurité au milieu de la chaussée lorsque cela est possible pour ne pas me faire tasser sur le côté…..du fossé ! Je dois donc réduire ma vitesse à 60 km/heure et réagir très rapidement à chaque bourrasque soudaine afin de me replacer dans ma travée. Les autobus et poids-lourds venant en sens contraire n’améliorent pas ma situation non plus car le déplacement d’air provoqué par ces monstres routiers dans ces conditions m’oblige à rester doublement alerte ! Près d’une heure plus tard, ça redevient plus calme. Le stress m’a envahi les muscles des épaules et je prends donc cette accalmie avec la meilleure des bienvenues. Heureusement que la veille j’avais sécurisé mes bras verticaux d’auvent car on nous a dit qu’il arrivait très souvent que les motoristes perdent ainsi leurs auvents qui se défont en roulant tout en causant de sérieux dommages au motorisé lui-même.
Passé San Pedro Tapanatépec où nous laissons la Mex 200 pour la 190, nous commençons notre montée à travers la montagne où environ une heure plus tard nous pourrons admirer de haut, de très haut, les vallées verdoyantes du Chiapas, toutes vertes de belle végétation et remplis de calme apaisant. Quel contraste avec ce que nous avons vécu depuis les dernières semaines ! La terre semble des plus fertile dans l’État du Chiapas. Cet État a fait les manchettes en 1994 lorsqu’un groupe de paysans armés se sont rebellé et entrés dans la clandestinité. Dirigés par un certain « sub-commandanté » Marcos, ce groupe se faisant appelé « Armée Nationale de Libération Zapatiste » ont alors saisi cer tains territoires dans la région de San Cristobal de Las Casas et demandé au gouvernement fédéral de Mexico City plus de démocratie dans les échanges politiques et plus d’aide économique et de santé pour les pauvres fermiers du Chiapas et plus de droits pour le peuple indigène de cet État considéré comme un des plus pauvres du Mexique. Quoique le conflit n’ait pas affecté ni touché les touristes, cela a mis en évidence de façon très flagrante les disparités énormes des différentes classes sociales mexicaines. La situation à ce jour s’est améliorée mais pas assez pour les paysans qui semblent de nouveau s’impatienter. Le Président mexicain, Vincente Fox Quesada a démontré qu’il voulait régler la situation mais rencontre de la résistance de la part des partis d’opposition à son gouvernement.
Nous arrivons finalement à Tuxtlà Gutierrez qui a remplacé San Cristobal comme capitale du Chiapas en 1892 et qui est beaucoup plus un centre industriel, commercial et de transport qu’une ville touristique. Dès l’entrée de la ville, nous prenons donc la « libramiento Norte », sorte de voie périphérique de contournement rapide de la ville afin de continuer notre route sans avoir à traverser la ville par son centre. Nous voici donc, moins de 15 kilomètres plus loin, à Chiapa de Corzo, un charmant petit village tout à fait touristique composé de plusieurs petites rues commerciales où nous nous attarderons environ une heure question de se dégourdir les jambes et d’acheter deux hamacs à doubles mailles (les meilleurs) très colorés pour….. 150 pesos ! (15$) Reprenant la route, nous sommes maintenant à 1,725 pieds au-dessus du niveau de la mer et nous commençons notre ascension de la montagne vers San Cristobal de Las Casas !
Vue aérienne de Tuxla Gutierrez à...7,900 pieds d’altitude!
L’air est frais, la végétation est belle…2,200 pieds… il y a tout de même beaucoup de circulation sur ce « deux-voies » rempli de courbes assez prononcées…3,500 pieds… nous voyons les nuages plus hauts…4,500 pieds…la route devient plus « à pic », nous en sommes à 5,500 pieds et le thermomètre extérieur n’indique plus que 65 degrés ! Plusieurs autobus et poids-lourds descendent avec vitesse et je dois faire preuve de prudence particulièrement dans les courbes car je ne suis pas encore habitué à ces angles de courbes très différents de ceux du Canada et lorsque ces longs véhicules croisent MoMo qui mesure 40 pieds hors-tout dans une de ces courbes… 6,500 pieds ça y est ! Nous sommes dans les nuages… encore 500 pieds et nous dépasserons notre plus haute altitude à ce jour…7,300 pieds m’indique l’altimètre de mon GPS et nous montons toujours….. nous sommes maintenant au-dessus des nuages à … 7,900 pieds ! ….Marie et moi on se regarde...un peu inquiets car on se demande bien quand ça va arrêter de monter... avant de commencer à redescendre quelque peu et lorsque nous arrivons à San Cristobal, nous en sommes toujours à 7,000 pieds ! Nous nous dirigeons immédiatement à notre camping derrière l’hôtel Bonampak. Aussitôt sortis, nous réalisons que nos bermudas ne sont définitivement pas à leur place ici car il fait……49° dehors ! (moins de 10°C) Quel changement pour nous qui ne connaissons que de la grande chaleur depuis plus d’un mois ! Nous enfilons donc nos jeans et polars légers…
La semaine prochaine : San Cristobal de Las Casas, suite et fin !