Épisode # 5 : Judy !
Le 14 novembre: Judy!
Elle est arrivée, comme ça, un matin, toute seule dans sa Jeep rouge. Elle nous a demandé si c’était ici, la Playa Del Burro que ça ne coûtait que 6$ par jour. Après lui avoir répondu par l’affirmative, elle s’installe dans la palapa tout juste à côté de la nôtre.
Judy, c’est son prénom, elle voyage toute seule depuis plusieurs années à travers le Mexique et ne semble rien craindre. Il ne lui est jamais rien arrivé de fâcheux non plus. Elle est blonde cendrée, rondelette, paraît environ 40 ans même si elle en a 49, bientôt 50. Judy est professeure en Californie et prendra sa retraite en janvier prochain. Et comme elle a déjà enseigné quelques années à Oaxaca, au sud-est de Mexico City, elle parle donc couramment l’espagnol.
Elle a tout un style. Directe, elle ne s’en laisse pas imposer. Je dirais qu’elle a le genre « Tom boy ». Quand je l’ai vu se pointer le lendemain matin de notre arrivée, je me suis demandé où pouvait bien être sa tente parmi tout ses bagages empilés sur le siège-passager et dans l’espace-arrière de sa Jeep sans toit. Je m’étais trompé car Judy n’a pas de tente : elle couche dans la partie arrière de sa Jeep. Elle empile bien quelques morceaux de linge ou couvertures et, recroquevillée, elle dort à ciel ouvert, ronflant avec les étoiles !
La nuit dernière, vers 02h00 du matin, un faisceau lumineux apparaît sur la plage et reflète par notre fenêtre de chambre à coucher. Je me lève en me demandant qui cela peut-il bien être ? Comme il n’y a personne sur la plage, je me dirige vers l’avant de MoMo d’où vient la lumière et, entr’ouvrant le rideau, j’aperçois soudain ma Judy tentant de s’allumer une cigarette malgré le vent … tout en lisant avec sa « flash-light », couchée et pliée en deux à l’arrière de sa Jeep !
Le matin venu, elle a installé sur le sable un espèce de petit réchaud fait de ce qui me semble être un tout petit cylindre utilisée pour la soudure sur lequel repose un chaudron (soutenu par quelques broches provenant du cylindre en question) et dans lequel Judy fait cuire son bacon ! Car Judy adore le bacon et elle s’en fait cuire tous les matins.
Un peu avant d’aller souper hier soir, rassemblés tous les cinq en demi-cercle sous la palapa d’Erik et Mary devant quelques « natchos » et une salsa préparée par Marie, Judy nous raconte ses années au Mexique, la condition de ses habitants et de leur pauvreté, les routes secondaires plutôt difficiles à rouler à cause des trous, la propreté des mexicains au niveau vestimentaire et la beauté de plusieurs villes que nous rencontrerons au cours de notre randonnée comme Oaxaca, Zihuantanejo, San Cristobal de la Casas et San Miguel de Allende. De toute évidence Judy aime le Mexique et ses habitants.
De gauche à droite, Judy, Mary et Marie
Les 3 « filles » sont toutes trois allées hier après-midi à Mulegé (prononcez Mou-lé-hé) à une douzaine de kilomètres d’ici et Judy leur a servi d’interprète pour négocier le prix des sandales et des pantalons auprès de marchands locaux. Et elles ont passé une belle partie de journée grâce à Judy !
Judy nous quitte ce matin car elle doit faire le même trajet pour son retour que nous avons déjà fait soit de Bahia Concepcion à Catavina, une ballade d’environ 6 heures en Jeep. Judy a promis à sa mère qu’elle sera avec la famille pour la Thanksgiving (l’Action de Grâce américaine) le 22 novembre prochain, ce qu’elle n’a pas fait depuis trois ans. Comme d’habitude, Judy prend l’initiative et demande qu’on se place tous les quatre pour la photo souvenir, clic, et après, c’est moi pour une photo avec les « 3 girls ». Puis, les accolades, on s’embrasse et on la voit disparaître au volant de sa Jeep rouge poursuivre son chemin … toujours seule.
Quant à nous, nous resterons bien quelques jours de plus ici, à Bahia Concepcion. L’endroit est paradisiaque, retiré et il est possible que nous ne retrouvions pas un autre endroit semblable. J’en profite donc pour aller faire du snorkeling avec Érik. L’eau est claire, le fond sablonneux, et en longeant les récifs qui bordent notre plage, nous y voyons des poissons par centaines, de toutes grosseurs et de couleurs vives, comme on peut souvent en voir dans des aquariums d’eau salée dans des animaleries par chez nous. Le fond marin y est si calme, reposant, je prends donc le temps d’admirer un monde sur lequel on n’a pas souvent l’occasion de s’arrêter.
Les coraux y foisonnent à profusion et grâce aux palmes et au tuba de Mary, je peux nager à un ou deux pieds seulement au-dessus d’eux en prenant bien garde de ne pas les frôler car leurs extrémités sont plutôt lacérées. Tout y est silencieux, multicolore et des poissons de toutes sortes, magnifiques, par bandes de plusieurs dizaines à la fois semblent m’escorter et me souhaiter la bienvenue dans leur royaume…